Au cours d'une conférence de presse mercredi à Téhéran, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a annoncé la décision de l'Iran de relâcher les quinze marins britanniques qu'il détenait depuis le 23 mars. Les marins ont été immédiatement libérés après la conférence de presse. L'opinion publique estime que la solution pacifique de « l'affaire des marins » est le résultat de l'aboutissement de plusieurs facteurs.
Le 23 mars, l'Iran avait capturé de manière inattendue quinze marins anglais dans une région du Golfe persique dont l'Irak conteste la souveraineté iranienne. Du fait que le Conseil de sécurité des Nations unies devait se prononcer le lendemain de cette capture sur un nouveau projet de résolution sur la question nucléaire iranienne et que les Etats-Unis retiennent depuis janvier dernier cinq Iraniens, les médias de plusieurs pays du monde ont lié « l'affaire des marins » à ces deux événements. Ils ont indiqué que l'Iran voulait émettre ainsi un message de fermeté, montrer sa capacité à relever le bras de fer qui l'oppose aux pays occidentaux et sonder la réaction des différentes parties en présence. Durant ces 13 derniers jours, l'affaire des marins a été réglée en fin de compte à l'issue de luttes aussi bien sur la scène mondiale qu'en coulisses. Son dénouement a plusieurs raisons :
D'abord, l'Iran détient dès le début la main, dans cette affaire. Il peut avancer ou reculer comme bon lui semble. Les autorités iraniennes ont souligné peu de temps après cet incident qu'elles allaient interroger les militaires anglais pour tirer au clair leur intrusion dans les eaux territoriales iraniennes. Au fur et à mesure que cette affaire évoluait, l'Iran a choisi finalement la solution pacifique, désamorçant la crise en qualifiant cette affaire d'événement dû à un quiproquo.
Ensuite, la position du Royaume-uni a changé. En dépit d'une prise de position très ferme des Etats-Unis qui estimaient que la détention des marins était « impardonnable », la Grande-Bretagne, consciente de l'inefficacité de ses efforts pour une aide de la communauté internationale, a renoncé à sa position initiale intransigeante et a décidé d'entamer un dialogue diplomatique pour sortir de la crise.
Enfin, les Etats-Unis et l'Iran ont eu aussi des contacts en d'autres circonstances. Le 4 avril, un représentant iranien a rencontré les cinq fonctionnaires iraniens détenus en Irak, avec bien sûr l'approbation de l'armée américaine. Bien que les deux parties aient souligné l'absence de liens entre cette rencontre et « l'affaire des marins », il est évident que cet arrangement n'a pas été sans conséquence pour celle-là.
Les analystes ont indiqué qu'en dépit du règlement pacifique de « l'affaire des marins », les relations entre l'Iran et le monde occidental devraient toutefois en être affectées.
Sous l'angle de la diplomatie, l'Iran a recouru à la tactique consistant tout d'abord à « détenir des prisonniers sans préavis, à utiliser un ton menaçant et intimidant, et ensuite à adoucir sa position pour dialoguer ». En apparence, le Royaume-Uni, toujours dans les pas des Etats-Unis, a été sanctionné. Mais en réalité, les rapports de confiance déjà très précaires entre l'Iran et la Grande-Bretagne se sont dégradés encore davantage. Par conséquent, l'Iran aura plus de difficulté pour réintégrer la communauté internationale et regagner le respect international.
Sous l'angle économique, « l'affaire des marins » a débouché sur une détérioration de la situation dans le Golfe, ce qui aura des impacts négatifs sur les efforts iraniens pour attirer les investissements étrangers et entamer la coopération énergétique. On prévoit qu'après « l'affaire des marins », les multinationales et même les touristes éviteront l'Iran. Les premiers choisiront d'autres destinations pour leurs investissements, d'autres partenaires commerciaux et les seconds feront des voyages dans d'autres régions du Proche-Orient. Des médias ont indiqué qu'après le règlement de cette affaire, la question nucléaire iranienne, qui avait été négligée un certain temps, resurgira et que l'Iran se verra alors obligé de reprendre l'épreuve de force avec les pays occidentaux. |