Des sanctions plus lourdes de l'ONU qui n'empêchent pas une résolution pacifique du problème nucléaire iranien
2007-03-16 18:35:00 cri
L'étau se resserre, diraient certains. L'Iran fait face à une pression internationale grandissante? Puisque les cinq membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU ? la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie ? plus l'Allemagne ? ce qu'on appelle généralement le « groupe de contact » - sont parvenus le 15 mars à un accord sur un nouveau projet de résolution sur le problème nucléaire iranien. Et pourtant, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n'en fait pas moins preuve d'une position très ferme.

Les représentants des six pays du groupe de contact aux Nations Unies sont parvenus à un accord jeudi à New York, à la suite de brèves consultations et après quelques menues modifications apportées au texte du projet de résolution. Un projet transmis ensuite aux représentants des dix membres non permanents du conseil, qui doivent le soumettre à leur tour à leur propre gouvernement. En citant notamment l'article 41 du chapitre 7 de la Charte des Nations-Unies, le texte exhorte l'Iran à exécuter immédiatement la résolution 1737 du conseil de sécurité, tout en interdisant à l'Iran d'exportation des armes et en appelant la communauté internatinale à rester vigilante quant à ses importations d'armes lourdes. D'après ce projet, davantage de personnalités ou de groupes iraniens sont par ailleurs visés par des sanctions financières et un gel de leurs avoirs, et les gouvernements comme les institutions internationales sont appelés à ne pas s'impliquer dans de nouveaux engagements d'assistance financière, de financement ou de prêt préférentiel avec le gouvernement iranien. C'est la semaine prochaine que devrait avoir lieu le vote du conseil de sécurité sur ce texte.

Face à ce nouveau durcissement de l'attitude de la communauté internationale face à Téhéran, l'attitude du gouvernement iranien ne s'adoucit pas pour autant. Juste avant le dévoilement du nouveau projet de résolution, le jeudi 15, le président Mahmoud Ahmadinejad a martelé une nouvelle fois que l'obtention des techniques nucléaires est un droit légitime du peuple iranien, et qu'aucune résolution du conseil de sécurité ne saurait s'opposer au développement des techniques nucléaires par Téhéran. La veille, il était déjà allé un peu plus loin en stigmatisant « les pays occidentaux », avec qui le fossé s'élargit parce c'est eux qui, selon lui, poussent le conseil de sécurité des Nations Unies à prendre de nouvelles sanctions.

Autant dire que la position adoptée par Mahmoud Ahmadinejad n'est pas là pour calmer les esprits, et ne favorise pas l'émergence d'une éventuelle résolution pacifique du problème nucléaire iranien ? c'est là un euphémisme. De là à penser que l'affaire est déjà irréversible ?... Non, beaucoup d'analystes ne sauraient exclure la possibilité d'un compromis auquel se soumettrait le gouvernement iranien, qui détient l'initiative dans ce dossier.

Car depuis le début de ce bras de fer, l'Iran a poursuivi une « tactique de débordement », en campant sur une attitude dure mais en soufflant aussi le chaud et le froid lorsqu'il le fallait. Le premier objectif de l'Iran, qui veut persister dans ses activités d'enrichissement d'uranium, consiste d'abord à faire admette à la communauté internationale son droit au nucléaire, qu'il dit légitime. C'est la condition préalable que pose Téhéran au rétablissement des négociations avec les parties concernées. Mais pour maximiser ses propres intérêts, l'Iran pourrait bien faire des concessions tactiques lors des moments opportuns. D'autant que ces derniers jours, une partie de la presse iranienne et plusieurs personnalités ont appelé le gouvernement à plus de souplesse et à tout faire pour éviter l'adoption par l'ONU d'une deuxième résolution sur les sanctions ? l'intervention la plus remarquée a sans doute été celle de l'ancien président Sayyed Mohammed Khatami, chantre du camp dit modéré. Plus encore, la couche des hommes d'affaires, une force influente dans la société iranienne, s'est dit très inquiète d'un durcissement des sanctions.

Résultat, face à une double pression, extérieure et intérieure, l'Iran pourrait bien finir par tendre une main incertaine au groupe de contact. Le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki, a ainsi affirmé le 14 mars que son pays est disposé à faire des efforts diplomatiques sur le dossier nucléaire, et qu'il en a assuré les préparatifs.

De son côté, le groupe de contact et, plus largement, la communauté internationale, semblent adopter une position unitaire sur la question, à savoir que la résolution du problème doit passer par des négociations, et qu'il faut savoir combiner les exigences de non-prolifération nucléaire et de non détérioration de la situation de la sécurité au Moyen-Orient. De sorte que l'espace réservé à une résolution pacifique du problème nucléaire iranien existe bel et bien.

Sur le même sujet Commentaire