Le Liban marquera mercredi le deuxième anniversaire de l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri dans un contexte difficile: le pays est paralysé par la lutte de pouvoir entre pro et anti-syriens, et les tensions communautaires font craindre à certains un retour de la guerre civile.
La tension est montée d'un cran mardi avec les attentats à la bombe qui ont frappé deux autocars au nord-est de Beyrouth, faisant trois morts et 20 blessés. La commémoration de la mort d'Hariri fait également craindre des violences. Ses partisans prévoient un grand rassemblement sur la place des Martyrs, où se trouve sa sépulture, à seulement quelques mètres du lieu où l'opposition manifeste depuis des semaines pour réclamer le départ du gouvernement.
Le mois dernier, des manifestations avaient tourné à l'affrontement entre partisans du gouvernement antisyrien et de l'opposition prosyrienne, faisant huit morts. Cette fois, les deux camps promettent d'éviter tout débordement.
L'an dernier, le premier anniversaire de la mort d'Hariri s'était déroulé dans un climat de relative unité. Désormais, les divisions sont flagrantes. Les portraits du dirigeant assassiné ont été déchirés lors d'émeutes en janvier dans certains quartiers de la capitale acquis à l'opposition.
Rafic Hariri a été tué le 14 février 2005 dans un attentat au camion piégé, alors qu'il circulait en voiture dans le centre de Beyrouth. Vingt-deux autres personnes ont également péri dans l'explosion de très forte puissance.
L'attentat a soulevé une grande émotion au Liban et bouleversé le jeu politique national. La Syrie, qui contrôlait le pays depuis près de 30 ans, a retiré son armée sous la pression internationale et de la rue libanaise, cette dernière l'accusant du meurtre d'Hariri, ce que réfute Damas.
En 2005, des élections ont porté au pouvoir les partisans du défunt Premier ministre dans un gouvernement dirigé par Fouad Siniora, un proche d'Hariri soutenu par la communauté internationale.
Mais les choses ont commencé à se détériorer après le retrait syrien. Quatre personnalités anti-syriennes ont été tuées, et les tensions politiques et communautaires se sont accentuées, conduisant à la paralysie du gouvernement.
L'opposition, conduite par le mouvement chiite Hezbollah, a mené une campagne de manifestations pendant plus de deux mois pour faire tomber le gouvernement Siniora. Elle exige la formation d'un nouvel exécutif lui acc ordant un tiers des sièges plus un dans le gouvernement afin de disposer d'une minorité de blocage.
Siniora refuse, mais son cabinet est sur la corde raide. Un quart de ses ministres, cinq chiites et un chrétien, ont démissionné en novembre. Le même mois, son ministre de l'Industrie Pierre Gemayel était assassiné.
Même l'enquête de l'ONU sur la mort d'Hariri est devenu un sujet qui fâche. Et la création d'un tribunal international pour juger ses meurtriers présumés est bloquée par les profonds désaccords sur la question entre le gouvernement et l'opposition. Les partisans d'Hariri imputent la responsabilité de l'attentat à la Syrie.
Homme politique sunnite modéré, Rafic Hariri prônait le compromis et soulignait que la coexistence de diverses communautés musulmanes et chrétiennes distinguait le Liban des autres pays du Proche-Orient. Il avait contribué à l'élaboration de l'accord de Taëf, qui avait mis fin à la guerre civile libanaise (1975-90). Après la guerre, ce magnat des affaires avait conduit la reconstruction du centre de Beyrouth. |