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L'annonce a été faite officiellement lundi 12 : le gouvernement autonome dirigé par le Hamas, le Mouvement de résistance islamique de Palestine, doit démissionner d'ici quelques jours et ouvrir ainsi la voie à la constitution d'un nouveau gouvernement. Nouveau gouvernement au sujet duquel le Hamas va négocier cette semaine avec le Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas. Mais beaucoup d'analystes restent sceptiques, pointant les divergences non négligeables qui restent à aplanir.
Les officiels du Hamas et du Fatah sont revenus en fin de semaine dernière de la Mecque, où ils ont signé un accord jeudi dernier. Accord que le Premier ministre palestinien Ismail Haniyeh a présenté au public dans un discours télévisé prononcé vendredi soir. Selon lui, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas devrait se rendre sous peu dans la Bande de Gaza pour discuter avec le Hamas des derniers détails de la formation d'un gouvernement d'union nationale. Après quoi il mandatera Ismail Haniyeh pour constituer un nouveau cabinet à la suite de la démission du gouvernement actuel du Hamas. Ce dernier disposera de cinq semaines.
Pour beaucoup d'analystes, en dépit du cadre défini par l'accord de la Mecque sur la formation d'un gouvernement de coalition, les deux partis sont toujours confrontés à de sérieuses barrières à franchir avant de mettre ce cabinet à l'?uvre.
A commencer par l'attribution des différents postes ministériels. Certes, l'accord de la Mecque prévoit la répartition des portefeuilles entre le Hamas et le Fatah. Sauf que ni l'un ni l'autre n'ont encore fixé leurs candidats, et celui du ministre de l'Intérieur pose, semble-t-il, un problème particulièrement épineux à résoudre. Conformément à l'accord, le Hamas soumettra une liste de personnalités indépendantes qui pourraient assumer les fonctions de ministre de l'Intérieur à Mahmoud Abbas, à qui reviendra la décision finale. D'après une source proche du Hamas, une liste de deux candidats a été soumise au président palestinien, lequel n'aurait pas encore donné sa réponse. Dans la mesure où le ministère de l'Intérieur doit contrôler les forces palestiniennes de sécurité, ce portefeuille demeure un enjeu de dispute entre les deux partis, une pomme de la discorde autour de laquelle se cristallisent tous les heurts inter-palestiniens.
Second point d'achoppement, la persistance ou la suppression des forces armées du Hamas. Pour contrer les forces de sécurités palestiniennes contrôlées par le Fatah, ce en dépit de l'opposition de son chef Mahmoud Abbas, le Hamas a mis au point une « force exécutive », à savoir une unité paramilitaire forte à l'origine de 3.000 hommes, dont les rangs ont été grossis pour atteindre 6.000 hommes avec l'exacerbation des conflits inter-palestiniens. Dans les violents accrochages qui ont opposés ces derniers mois le Hamas et le Fatah, cette « force exécutive » a participé à la plupart des opérations militaires, dont plusieurs fusillades contre les forces de sécurités palestiniennes placées sous le commandement de Mahmoud Abbas. Et la tension entre ces deux unités reste d'autant plus vive que l'accord de la Mecque ne fait pas mention de l'avenir de ces troupes. Aussi, cette question est-elle un autre enjeu majeur des négociations de la semaine.
Mais le point le plus sensible reste sans doute le problème de la reconnaissance du nouveau gouvernement par la communauté internationale. Aux termes de l'accord de la Mecque, le nouveau gouvernement devra « respecter » tous les traités conclus entre l'Autorité palestinienne et Israël? Sans toutefois qu'il ait à reconnaître en termes explicites l'existence de l'Etat d'Israël, ni s'engager à renoncer à la violence, comme l'exigent Israël et les pays occidentaux. Qui plus est, un porte-parole du Hamas a clairement indiqué que le nouveau gouvernement « ne saurait reconnaître Israël ». Jusqu'ici, la plupart des pays occidentaux affichent une attitude circonspecte face à cet accord de la Mecque - ils observent. L'Union européenne a laissé entendre dimanche qu'elle n'envisage pas pour l'instant de rétablir son aide à la Palestine. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert, pour sa part, a déclaré le même jour qu'il ne ferait pas de jugement avant la constitution du nouveau gouvernement. Et d'ajouter que si ce gouvernement ne reconnaît pas Israël, cela signifierait pour lui un changement de position de la part de Mahmoud Abbas. Mahmoud Abbas qui est toujours considéré par Israël comme le représentant des formes modérées palestiniennes, avec qui l'Etat hébreu maintient des contacts. Or, selon un porte-parole, Israël pourrait suspendre justement ces contacts, à titre provisoire, si le nouveau gouvernement ne satisfait pas les conditions formulées par la communauté internationale? Ce qui placerait Mahmoud Abbas sous une pression encore plus accablante.
Le président palestinien doit se rendre mercredi à la Mecque, pour de nouvelles discussions avec le Hamas sur ce gouvernement d'union nationale. Les Palestiniens suivront sans doute cela de très près car, après une année difficile tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, ils aspirent à ce nouveau cabinet capable de sortir la Palestine du marasme actuel. |
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