 |
 |
L'information émane du « Jerusalem Post » : le quotidien israélien révèle dans son édition de mardi que l'Etat hébreu vient de mettre au point un plan détaillé en vue de sa prochaine adhésion à l'OTAN. Un plan qui arrive en droite ligne de l'annonce publique faite en février dernier par le gouvernement israélien de sa volonté de se rapprocher de l'organisation atlantique en vue d'une adhésion.
Cela fait déjà plusieurs années qu'Israël a approfondi sa coopération avec l'OTAN dans le domaine sécuritaire et la lutte contre le terrorisme ? des man?uvres militaires conjointes ont d'ailleurs été menées avec des pays membres de l'organisation. Israël fait du reste partie des « pays interlocuteur » de l'OTAN en Méditerranée. Un statut dont, apparemment, l'Etat hébreu ne saurait aujourd'hui se contenter. En février 2005, à l'issue d'une rencontre avec le secrétaire général de l'OTAN Jaap de Hoop Scheffer, Ariel Sharon, alors encore Premier ministre, avait formulé un premier souhait que ces relations d'« interlocuteurs » entre Israël et l'OTA N se transformeront en véritables relations de coopération ? il avait d'ailleurs avancé une série de propositions en ce sens. Concrétisation un an plus tard, en février 2006, lorsque le ministre israélien de la Défense a siégé pour la première fois à la réunion informelle des ministres de la Défense de l'OTAN, où il a fait une intervention remarquée ; au même moment, l'ambassadeur d'Israël en Allemagne confirmait publiquement la volonté de Tel-Aviv de se rapprocher de l'organisation atlantique pour y adhérer dès les conditions réunies. Nouveau pas franchi en juin dernier : alors que le statut de l'armée israélienne est toujours, officiellement, celui d'un « observateur » des man?uvres militaires de l'OTAN, Tsahal a participé, dans le cadre d'une « coopération », à des opérations maritimes conjointes de l'organisation sur les côtes roumaines. « Observation », « coopération »? Derrière ce subtil glissement syntaxique se trouve en réalité un véritable changement de nature des relations entre l'Etat hébreu et l'organisation atlantique. Et c'est dans ce contexte qu'Israël a mis au point ce fameux plan révélé hier.
L'affaire n'est donc pas nouvelle, et pour cause : plusieurs facteurs viennent expliquer l'empressement israélien à adhérer à l'OTAN.
A commencer, bien sûr, par une situation de plus en plus tendue au Moyen-Orient, où est apparue pour Israël une véritable « menace en provenance de Téhéran » avec l'arrivée au pouvoir du président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Président qui, depuis, a réaffirmé plusieurs fois la nécessité de « rayer Israël de la carte du monde ». Ajoutons à cela l'intransigeance de l'Iran sur le problème nucléaire, qui agite aujourd'hui les chancelleries du monde entier ? et surtout Israël, directement menacée par l'accession de la République islamique au club des pays disposant de l'arme nucléaire? Et l'on mesure assez bien l'intérêt de Tel-Aviv d'adhérer à l'OTAN, ce qui veut dire qu'en cas d'attaque militaire ou d'agression, l'Etat hébreu bénéficie du soutien ? notamment logistique et militaire - des autres pays membres. C'est ce que prévoient les statuts du Traité de l'Atlantique Nord.
Ensuite, une adhésion à l'OTAN pourrait se traduire pour Israël par un regain de considération sur la scène internationale par le truchement de l'influence qu'y exerce la « grande famille » nord-atlantique. C'est notamment un moyen de raffermir sa position dans les affaires régionales en général et dans la question israélo-palestinienne en particulier. Car 2006 aura été une année difficile pour l'Etat hébreu : que ce soit face au Hamas palestinien qui s'obstine à refuser de reconnaître Israël et d'abandonner la violence, ou face au Hezbollah libanais, qui a clairement confirmé son hostilité envers lui, Israël a lancé deux actions militaires de grande enverure qui n'ont pas atteint leur but ? c'est peu de le dire? Résultat, Israël se retrouve dans une situation embarrassante, et les négociations israélo-palestiniennes sont dans l'impasse. Tel-Aviv peut donc voir dans une adhésion à l'OTAN un relais diplomatique opportun grâce à la plate-forme qu'elle représente. C'est aussi vrai dans les négociations d'Israël avec le gouvernement d'Union nationale palestinien que dans la normalisation de ses relations avec ses voisins.
Mais du côté de l'OTAN, les choses ne sont pas aussi simples? Bien sûr, l'alliance pourrait bénéficier de l'impressionnante force de frappe de Tsahal et du remarquable savoir-faire du Mossad et des services secrets israéliens. Mais les calculs diplomatiques des pays membres iront sans doute plus loin, à savoir du côté de l'accueil que les voisins d'Israël pourraient adopter. La question, c'est est-ce que l'OTAN est disposée à s'allier ? c'est-à-dire fournir des troupes et du matériel - à un pays qui concentre l'hostilité de pas mal d'Etats dans la région? D'autant qu'en face, Israël, toujours sur la brèche dans ses relations de voisinage, estime ne pas être en mesure d'envoyer des soldats par exemple en Afghanistan? Autant dire que cette adhésion d'Israël à l'OTAN n'ira pas forcément de soi. |
 |