La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a poursuivi mardi à Koweït ses entretiens avec les dirigeants arabes, pour s'efforcer d'obtenir leur soutien au gouvernement irakien. Mais l'Arabie saoudite, plus important allié des Etats-Unis au Proche-Orient, ne cache pas les réserves que lui inspire la nouvelle stratégie de Washington pour l'Irak.
Mme Rice devait s'entretenir dans la soirée de mardi à Koweït avec les ministres des Affaires étrangères des pays du Golfe (Arabie saoudite, Koweït, Emirats arabes unis, Qatar, Bahreïn, Oman), d'Egypte et de Jordanie.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud al-Fayçal a d'ores et déjà exprimé son scepticisme. "Nous espérons que (les) objectifs (du plan américain pour l'Irak) seront mis en oeuvre, mais les moyens ne sont pas entre nos mains. Ils sont dans les mains des Irakiens eux-mêmes", a-t-il déclaré.
Evoquant les affrontements entre chiites et sunnites qui ont fait des milliers de morts en Irak, le ministre saoudien ne "peut pas concevoir qu'un pays comme celui-là se suicide". Et il préfère ne pas trop s'étendre sur les "conséquences terribles" d'une guerre civile entre sunnites et chiites.
Le plan Bush prévoit d'envoyer 21.500 GI's supplémentaires en Irak pour tenter de juguler la violence ainsi qu'une aide à la reconstruction. Les détracteurs de ce plan décidé à contre-courant de l'opinion publique américaine mettent l'accent sur son principal écueil: sa dépendance envers le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et la nécessité de compter sur sa bonne volonté.
Dans le monde arabe, la méfiance est généralisée envers ce gouvernement, dont on estime qu'il sert les intérêts iraniens, et vise uniquement à établir la domination chiite sur l'Irak, sans égards pour la minorité sunnite aux commandes du temps de Saddam Hussein.
Condoleezza Rice, qui achève à Koweït sa tournée au Moyen-Orient, explique pour sa part avoir reçu "un très bon soutien pour les objectifs que le président souhaite atteindre".
Mais, a-t-elle reconnu, "tout le monde dit la même chose, ce que nous disons également, il faut maintenant que chacun remplisse les obligations du plan, en particulier que les Irakiens remplissent les leurs".
Le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit, a de son côté fait savoir que l'Egypte soutenait le plan Bush, en espérant qu'il débouche sur "la stabilité, l'unité et la cohésion" en Irak. Un attentat a fait au moins 65 morts et 138 blessés mardi à Bagdad, portant le bilan de la journée à 109 personnes tuées ou retrouvées mortes dans l'ensemble du pays.
Selon un bilan rendu public mardi par les Nations unies, près de 35.000 civils ont été tués en 2006 en Irak, soit trois fois plus que le chiffre avancé par le gouvernement irakien. |