La nouvelle politique américaine à l'égard de l'Irak : dernière prise d'assaut de l'administration Bush
2007-01-12 17:36:32 cri

Dans un discours télévisé prononcé le 10 janvier, le président américain Gerge W. Bush a annoncé le réajustement de sa politique à l'égard de l'Irak. Les nouvelles orientations de cette politique s'appuient sur six éléments fondamentaux, notamment l'envoi de 20 mille soldats supplémentaires et une assistance élargie pour la reconstruction de l'Irak. Jusqu'ici, le nombre d'Américains morts en Irak a déjà franchi le cap des 3000 personnes. Et le sentiment de dégoût de la guerre gagne toujours plus de terrain aux Etats-Unis. Dans une interview accordée à Radio Chine Internationale, le directeur de l'Institut de Recherches sur la Sécurité et la Stratégie, de l'Académie des Relations internationales contemporaines de Chine, Yang Mingjie, souligne que l'administration Bush mise le tout pour le tout, dans sa dernière prise d'assaut. On l'écoute : « La politique du président Bush en Irak a fait l'objet de larges critiques à l'intérieur même du pays. Le rapport du groupe d'évaluation de James Baker souligne la nécessité de retirer les troupes d'Irak, ce qui témoigne de la forte pression que subie actuellement l'administration Bush. D'autre part, les Etats-Unis sont confrontés à de grandes difficultés sur le plan militaire. La situation irakienne risquerait de se détériorer, voir de s'enliser dans une guerre civile, après l'évacuation des troupes américaines. Aussi, le gouvernement américain se trouve-t-il face à un vrai dilemme ».

M.Yang a analysé avec nous les raisons pour lesquelles cette nouvelle politique avait été élaborée :

« Je pense que l'élaboration d'une telle politique a été motivée après plusieurs considérations. Elle vise essentiellement à jouer un rôle majeur sur la situation des champs de bataille en Irak et plus particulièrement dans la stratégie planétaire des Etats-Unis. Autrement dit, elle met en exergue la sécurité irakienne et le programme du grand Proche-Orient placés sous la tutelle des Etats-Unis. Pour réaliser cet objectif, le président Bush axe ses efforts, dans un avenir proche, sur la guerre en Irak afin de stabiliser la situation. La réussite de cette politique pourrait avoir un effet décisif sur l'élection présidentielle prévue pour 2008. En bref, cette politique est le dernier assaut des Etats-Unis ».

En décembre dernier, a été rendu public le rapport d'évaluation sur la situation en Irak, rédigé par un groupe de travail dirigé par l'ancien secrétaire d'Etat américain James Baker. Le rapport, censé représenter le résultat des recherches menées conjointement par des personnalités républicaines et démocrates, propose le retrait des troupes américaines du territoire irakien. Pourtant, la nouvelle politique de l'administration Bush va à l'encontre des propositions de ce rapport. Pour Yang Mingjie, ce rapport ne peut pas foncièrement changer les orientations stratégiques qu'avait prises l'administration Bush, il y a quelques années, sur la situation au Proche-Orient en général, et en Irak en particulier.

Dans son discours du 10 janvier, le président Bush a reconnu pour la première fois que la carence de sécurité à Bagdad était principalement due à l'insuffisance des effectifs militaires. Yang Mingjie rappelle que cette insuffisance militaire n'est qu'une faute tactique, alors que l'échec de l'administration Bush en Irak relève d'erreurs stratégiques et décisionnelles. Ecoutons les analyses de M.Yang :

« D'un point de vue politique et stratégique, l'échec des Etats-Unis face au problème irakien réside dans l'argument insoutenable qui les a poussé jusqu'à l'occupation du pays. En tant que force extérieure, les Etats-Unis n'ont pas pu effectivement jouer un rôle prédominant malgré leur prétention à le faire. A ces deux facteurs s'ajoute une mauvaise approche de la complexcité de l'évolution de la situation d'ensemble en Irak, d'autant que l'administration Bush refuse de reconnaître ses erreurs même après s'être ravisée. »

Concernant les retombées que provoquerait l'envoi en Irak de nouvelles forces militaires, Yang Mingjie estime que cela n'aidera pas à résoudre le problème irakien. Cela peut, en revanche, accentuer le sentiment de mécontentement qui règne dans le pays. Mais on n'assistera pas à la scission des deux partis politiques, républicain et démocrate, comme le prévoyait certains médias. Ecoutons Yang Mingjie :

« L'envoi de soldats supplémentaires, au lieu de régler le problème irakien, éloignera davantage les Etats-Unis de leur objectif premier : une éventuelle solution. Il suscitera un mécontentement accru au sein de la population américaine et un tollé de l'opposition dans la Chambre des Représentants majoritairement démocrate. Les partis républicain et démocrate sont d'accord sur l'évolution de la situation en Irak. Ils n'ont pas d'objectif commun, mais l'absence de moyens pour arriver a une solution est un fait reconnu par les uns comme les autres. Dans un tel contexte, il est fort possible qu'une démarche du gouvernement fasse l'objet d'une ferme opposition de la part du Congrès. Puisqu'en l'absence de solutions efficaces, les avertissements de l'opposition assenés à l'administration n'ont pas semblé être réellement entendus ».

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