Nucléaire iranien: concession des Européens à la Russie sur les sanctions
2006-12-21 18:30:28 cri
Pressés d'aboutir avant Noël, les Européens ont fait mercredi une concession de taille à la Russie en supprimant un élément-clé de leur projet de résolution sanctionnant l'Iran pour son refus de suspendre l'enrichissement d'uranium, dont l'adoption est désormais prévue vendredi.

"Le président du Conseil (l'ambassadeur du Qatar Abdulaziz Al-Nasser) a décidé que nous voterons vendredi", a déclaré l'ambassadeur britannique à l'ONU, M. Jones Parry, qui était accompagné de son homologue français, Jean-Marc de La Sablière. Il a indiqué en même temps que le texte avait été présenté aux dix membres non permanents du Conseil de sécurité mercredi soir.

Le dossier nucléaire iranien a fait l'objet de deux réunions informelles des ambassadeurs des six pays qui en sont chargés à l'ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne), suivies d'une séance plénière du Conseil. Afin d'obtenir l'accord de Moscou, les trois Européens ont amendé leur projet en supprimant une interdiction de voyager à l'étranger qui devait viser douze ressortissants iraniens liés aux programmes nucléaire ou balistique, selon l'ambassadeur de Russie, Vitaly Tchourkine.

"L'interdiction de voyager est partie", a dit M. Tchourkine, précisant que la question des voyages a été résolue "de manière créative", qui satisfait Moscou. Selon le nouveau texte, l'interdiction de voyager est transformée en une simple restriction aux voyages, beaucoup moins contraignante. Le texte appelle les Etats à "faire preuve de vigilance" concernant l'entrée ou le transit sur leur territoire de personnes liées à ces programmes et à "notifier un comité du Conseil de sécurité de l'arrivée ou du passage sur leur territoire" des 12 personnes visées.

La Russie, qui rechigne à imposer des sanctions trop sévères à l'Iran, s'opposait depuis le début à la mesure d'interdiction de voyager, que les Occidentaux qualifiaient au contraire d'essentielle. Moscou considère que cette mesure équivaudrait à une "punition", selon son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. "Nous examinons (le nouveau texte) à Moscou mais il semble bien qu'on progresse", a déclaré M. Tchourkine, tout en ajoutant qu'"il reste à résoudre une ou deux questions".

Moscou aimerait également réduire le champ d'un gel des avoirs financiers prévu à l'encontre de onze entités liées aux programmes nucléaire ou balistique iraniens. L'ambassadeur américain à l'ONU par intérim, Alejandro Wolff, a indiqué qu'il consultait Washington sur les derniers amendements au projet. A propos de l'interdiction de voyager, qu'il avait récemment qualifiée de "priorité" pour les Etats-Unis, il a déclaré: "Nous négocions toujours là-dessus (...) nous voulons un vote bientôt et nous voulons vraiment une bonne résolution". Le projet de résolution prévoit essentiellement des sanctions économiques et commerciales contre l'Iran dans les domaines touchant aux technologies sensibles en matière nucléaire et balistique, pour son refus de suspendre l'enrichissement d'uranium.

Amendé plusieurs fois, le projet est en discussion depuis sa première mise en circulation au Conseil de sécurité le 23 octobre. Près de quatre mois ont passé depuis l'expiration de la date butoir - le 31 août - fixée à l'Iran par la résolution 1696 du Conseil de sécurité pour suspendre l'enrichissement sous peine de sanctions.

Sur le même sujet Commentaire