 Au lendemain de la publication du rapport sans concession du Groupe d'études sur l'Irak (ISG), le président américain George W. Bush a rencontré ce jeudi à la Maison Blanche le premier ministre britannique Tony Blair pour évoquer les différentes stratégies qui s'offrent à eux.
Une commission indépendante co-présidée par un républicain et un démocrate estime que la situation "est grave et se détériore" en Irak. Elle constate que la politique menée sur place par l'administration Bush "ne marche pas" et préconise un changement radical de la politique américaine. Le Groupe d'études a fait 79 recommandations sur la stratégie en Irak.
Dans son rapport publié mercredi, le Groupe d'études sur l'Irak lie la résolution du conflit au Proche-Orient entre Israéliens et Palestiniens et la stabilisation de l'Irak. Le document prône un effort diplomatique pour tout le Proche-Orient. La Maison Blanche a jusqu'à présent refusé de lier directement le conflit entre Israéliens et Palestiniens et la guerre en Irak.
Quant à l'idée de pourparlers directs avec l'Iran et la Syrie, la position du président américain n'a pas changé. L'administration continue ainsi à dire que Téhéran doit suspendre "de manière vérifiable" ses activités d'enrichissement d'uranium avant toute ouverture de négociations.
Par ailleurs, George Bush a annoncé que le Premier ministre britannique Tony Blair se rendra prochainement au Proche-Orient pour tenter de relancer le processus de paix. "Le Premier ministre Blair m'a informé qu'il allait se rendre bientôt au Proche-Orient, a déclaré le président américain, pour parler avec les Israéliens et avec les Palestiniens. Et je soutiens cette mission", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse commune tenue à l'issue de sa rencontre avec le premier ministre britannique.
Tony Blair, qui effectuait sa troisième visite à Washington cette année, a aussi exprimé sa différence avec M. Bush vis-à-vis de l'Iran et la Syrie en évoquant leur éventuelle implication dans un "nouveau partenariat" pour la paix au Proche-Orient. Il affirme l'importance de relancer les pourparlers israélo-palestiniens, dans l'impasse depuis l'accession de l'organisation islamiste radicale Hamas au pouvoir dans les Territoires au début de l'année. La veille de son départ, Tony Blair avait déjà admis, à la suite du nouveau secrétaire américain à la défense Robert Gates, que la coalition n'était pas en train de gagner la guerre en Irak. Les Britanniques ont également affirmé qu'ils espéraient réduire le nombre de leurs soldats (7100 actuellement) en Irak d'ici à la fin de 2007.
M. Bush a lui-même parlé mercredi d'une "nouvelle voie pour aller de l'avant en Irak", reprenant à son compte le titre du rapport du Groupe d'études.
Il peut difficilement ignorer les propositions des dix sages, qui ont fait fi de leurs appartenances politiques pour rédiger leur rapport. Il va cohabiter pendant les deux dernières années de sa présidence avec une majorité démocrate au Congrès.
"J'ai dit au Premier ministre que je pensais que ce rapport était constructif", a précisé M. Bush à propos du document rédigé par le Groupe d'études sur l'Irak. Il a promis que chacune de ces recommandations serait examinée sérieusement et qu'il y répondrait rapidement. Il attend d'autres rapports, ceux de son administration, engagée dans une vaste revue d'ensemble de la politique irakienne.
George W. Bush a aussi reconnu que ça allait "mal en Irak" mais a assuré que les Etats-Unis l'emporteraient. "Ca va mal en Irak! Je sais à quel point c'est dur". Lorsqu'un journaliste lui a demandé s'il était prêt à reconnaître un "échec", le président américain s'est contenté de dire: "Je sais que nous n'avons pas réussi aussi vite que nous voulions réussir".
Il a enfin estimé que les Etats-Unis ne retireraient leurs unités de combat d'Irak d'ici à début 2008, comme le préconise le rapport du Groupe d'études sur l'Irak, que si les conditions le permettaient et a affirmé la nécessité de se montrer à la fois "flexible et réaliste" pour déterminer le niveau des effectifs.
"Le temps presse. La situation se détériore. Nous devons agir vite. Ce n'est pas une question de mois, c'est une question de semaines, peut-être même de jours", a déclaré jeudi sur CNN l'ex-parlementaire Lee Hamilton, coprésident avec l'ex-secrétaire d'Etat James Baker du Groupe d'études sur l'Irak.
La perception de plus en plus répandue que l'intervention américaine a provoqué une guerre civile en Irak et que les Etats-Unis ne peuvent remporter cette guerre, l'impopularité du conflit qui est pour beaucoup dans son impopularité personnelle aux Etats-Unis, et la victoire de ses adversaires démocrates aux élections parlementaires du 7 novembre ont forcé M. Bush à renoncer à "maintenir le cap", défendu pendant des mois avec opiniâtreté |