Télévisions, réfrigérateurs... Il y a encore trois ans, ces appareils étaient presque introuvables à Muchang. La situation a aujourd'hui beaucoup changé. Le chef du village, Langkaxiong, se souvient :
« Avant la construction de ce village, nous menions une vie plutôt nomade. Nous n'avions pas de logement fixe. Les gens se rencontraient peut-être une ou deux fois par an. 291 personnes de 71 familles étaient dispersées sur une steppe de 260 millions de mètres carrées. Evidemment, elles vivaient dans des tentes qui n'étaient pas raccordées au réseau électrique. »
Ce nomadisme pendant une longue période a perturbé la vie des pasteurs. Pour eux, la télévision était avant un objet rare. Et si quelqu'un tombait malade, c'était souvent synonyme de catastrophe, notamment financière. Même la scolarité des enfants ne pouvait pas être assurée. Pour le chef du village, les habitants n'auraient pas osé imaginer, auparavant, pouvoir loger dans de grandes maisons avec l'eau courante et l'électricité. Depuis 2009, pour améliorer les conditions de vie des pasteurs des zones tibétaines, le gouvernement provincial du Sichuan a lancé une série de mesures pour les aider à se sédentariser. De nombreuses familles ont alors déménagé dans le village de Muchang. Toutes les infrastructures ont été construites par le gouvernement local. Langkaxiong, le chef du village :
« Avant, c'était difficile pour les enfants d'aller à l'école tout seuls, il fallait que quelqu'un les accompagne. Maintenant, la situation a changé. Les enfants peuvent prendre le bus pour y aller. C'est pratique. Et puis avant, parfois, des personnes âgées gravement malades décédaient sur le trajet vers l'hôpital. L'hôpital était loin, et elles n'avaient aucun moyen. Pour y arriver, il fallait d'abord faire un jour de cheval, et puis encore une demie journée de voiture. Alors qu'aujourd'hui, dix minutes suffisent. »
Aujourd'hui, toutes les familles du village ont leur propre maison. Certaines d'entre elles ont même construit des pavillons de deux étages. Alors, est-ce cette construction a coûté cher ? Langkaxiong, le chef du village :
« Les terres ont été données par le gouvernement. Pour construire une maison comme celle-là, sans compter les travaux à l'intérieur de la maison, il faut compter environ 63 000 yuans. 25 000 yuans ont été offerts par l'Etat. On a également pu toucher 8 000 yuans supplémentaires de subvention et on a pu emprunter 30 000 yuans à un taux assez bas. »
Dzedan est le vétérinaire du village. Sa mère, qui a plus de 80 ans cette année, a été témoin des changements du village. Elle se dit satisfaite de sa vie actuelle :
« Tout le monde a déménagé dans ce nouveau village. On vit mieux. J'ai une vieillesse heureuse. »
Dzedan a deux enfants. Sa fille aînée travaille dans un hôpital local. Son fils, lui, est toujours berger. Mais il rentre à la maison chaque mois. Grâce à un projet gouvernemental dédié aux pasteurs, Dzedan ne se fait plus de soucis pour son fils :
« Avant, les tentes étaient, en général, fabriquées en poils de yack. Quand il pleuvait, l'eau rentrait facilement dans la tente. Tandis que maintenant, les autorités nous ont distribué gratuitement des tentes de type nouveau et certains articles d'usage courant. Ce genre de tentes est non seulement imperméable, mais permet aussi de conserver la chaleur. »
Aujourd'hui, en plus de développer l'élevage, les villageois se lancent également dans le tourisme. Dzedan, le vétérinaire, a par exemple rénové ses chambres libres et les a louées aux touristes. Il leur propose également des plats tibétains :
« En fait, on peut vivre sans problème des revenus liés au tourisme. En plus de ça, j'élève plus de 300 bœufs. Et chaque année, la famille peut gagner 150 000 yuans environ. En tant que vétérinaire, je gagne également de l'argent. Je peux en mettre de côté. »