Après 10 jours de violences, notre journaliste s'est rendu au village de Luhuo se trouvant dans la province du Sichuan. Les témoins avaient peur quand ils parlaient de ce qui s'était passé. Les actes de violence ont commencé par la rumeur de l'immolation par le feu d'un moine, mais la police a confirmé qu'aucun moine ne s'était immolé par le feu à ce jour-là. Les habitants locaux ont déclaré que la plupart des auteurs des actes de violences sont des inconnus.
Dans ce petit village tranquille, l'embranchement en Y à l'entrée du village est l'endroit le plus fréquenté. C'est là où se sont produits les actes de violence. Notre journaliste est entré dans une petite boutique. Le patron de cette boutique s'appelle 'Guo'. Il a retracé clairement les scènes du 23 Janvier dernier pour notre journaliste. Ce jour-là, la boutique était ouverte dans la matinée. De plus en plus de gens se réunissaient à l'embranchement en Y à l'entrée du village.
« Onze heure, c'est le moment où il y avait le plus de monde.»
Guo a senti inconsciemment que « peut-être des incidents allaient se produire». Effectivement, la foule s'est réunie à l'embranchement, puis s'est dirigée vers les rues environnantes.
« Au début, ils ont crié et lancé des papiers, puis, ils ont ramassé des bâtons pour se livrer à des actes de violence. »
Guo était un peu agité quand il a parlé de la violence.
« Trop de monde, une foule dense, foule dense. Je suis ici depuis une dizaine année, mais je n'ai jamais vu tant de monde ».
Guo a utilisé 2 fois 'foule dense' pour exprimer sa crainte des émeutiers. A ce moment-là, Guo a fermé rapidement le volet de la boutique. Dehors, les passants se sont enfuis. Bien que la porte ait été fermée, les cris à l'extérieur et les tambourinements sur la porte effrayaient Guo au plus haut degré.
« Je n'ai pas osé ouvrir la porte, j'ai aussi verrouillé les fenêtres. »
Malgré tout, aujourd'hui, 10 jours après les violences, le calme est revenu dans les rues, mais quand Guo a regardé vers l'extérieur, la crainte se lisait toujours dans ses yeux.
Luhuo est un petit village, Guo y connaît pas mal de monde, mais le 23 Janvier, il a vu beaucoup d'inconnus.
Guo : « Je pense que peut-être les émeutiers se sont réunis d'abord au village de Daofu (la distance entre Luhuo et Daofu est d'environ 70 KM), et environ 40% d'entre eux venaient de Luhuo. »
Journaliste : « Comment savez-vous qu'environ 40% des émeutiers sont venus de Luhuo ? »
Guo : « Je vis ici depuis 15 ans, la plupart des gens d'ici, je les connais au moins de vue. Mais je ne connais pas beaucoup de gens de Daofu. »
Au 23 Janvier, Yang, un policier, a aussi constaté les actes de violence. Il travaille au bureau de la sécurité publique de Luhuo, qui a été attaqué par la foule des émeutiers. Notre journaliste a interviewé Yang dans une petite salle où les fenêtres ont été détruites.
De ce qu'a observé Yang, des petites voitures sont arrivées à l'embranchement en Y à l'entrée du village, puis des hommes en moto y sont arrivés les uns après les autres.
Jounaliste : « Est-ce que vous avez noté les plaques des voitures ? »
Yang : « La plupart des voitures n'étaient même pas immatriculées, et les autres avaient été cachées ! »
Comme Yang et ses collègues travaillaient le 23 Janvier, ils ont trouvé qu'il y avait quelque chose d'inhabituel.
« Par rapport aux années précédentes, cela était bizarre, car le 1er jour du Nouvel An Chinois, tout le monde restait normalement chez soi pour passer la fête. »
Yang et ses collègues ont pensé comme Guo, « il y a quelque chose qui va se passer ». Effectivement, quelques minutes plus tard, les émeutiers ont commencé à crier et à lancer des Longda (drapeaux de prière tibétains) (Guo les appelle papiers). Yang a dit à notre journaliste :
« Lancer des Longda est une forme de rituel, les émeutiers les lancent pour assurer le repos de l'âme du défunt, en l'occurrence de celui qui va s'immoler par le feu. Mais la personne qui devait s'immoler n'est pas venue, et alors ils ont commencé les actes de violence. »
Selon Yang, ce jour-là, il n'y a pas eu d'immolation par le feu, ceux qui s'étaient rassemblés ont commencé à attaquer les boutiques qui bordent la rue.
Journaliste : « Comment les émeutiers étaient-ils vêtus ? »
Yang : « Ils étaient généralement habillés comme des hommes de ferme d'élevage, mais il y avait aussi des lamas et des bonzesses. »
Un 'Homme de ferme d'élevage' est nommé par les habitants locaux un pasteur. Ce sont des gens naturellement robustes.
Pour maintenir l'ordre, Yang et ses collègues ont barré la rue en utilisant des équipements anti-émeutes afin de bloquer le chemin des émeutiers. Mais les émeutiers ont fait un détour pour continuer leurs violences. Après un certain temps, comme les forces de police n'augmentaient pas, ils sont allés directement au bureau de la sécurité publique pour commencer un nouveau cycle de violence effrénée.
« Ils se sont précipités vers nous en tenant des bâtons, des pierres et des couteaux. Au total, il y avait environ 700 personnes. Les autopompes des pompiers ne sont pas parvenues à disperser les émeutiers, car il y avait trop de monde. Nous avons dû faire retraite, puis ils ont commencé à jeter des pierres et des couteaux. »
Les violences ont duré jusqu'à 19 heures, puis les émeutiers ont commencé à se disperser.