China Radio International
(GMT+08:00) 2005-09-15 09:24:29    
 Le compositeur tibétain Mélang Douji

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La Région autonome du Tibet se situe sur le « toit du monde », c'est là que vit la population tibétaine, l'une des 56 ethnies minoritaires chinoises. Depuis des millénaires, cette population a su élaborer sa propre culture, qui en a fait une civilisation brillante. Aujourd'hui, des artistes tibétains puisent toujours profondément dans ces racines et produisent des oeuvres artistiques qui mèlent à la fois couleurs locales et style moderne.

Lorsque notre correspondant a rencontré Mélang Douji, il venait d'achever un séjour aux Etats-Unis, séjour qui avait pour but d'établir des échanges culturels avec des artistes américains. Mélang Douji nous confie aussi que, récemment, l'Association pour la protection et le développement de la culture tibétaine a envoyé aux Etats-Unis une délégation composée de quatre artistes tibétains, et il était l'un d'entre eux. Ce sont des spécialistes de la danse, de la musique, de l'architecture et de la peinture ethniques. Ils ont visité l'île Hawaï, Chicago et Los Angeles et ont beaucoup discuté avec leurs confrères américains. En tant que célèbre compositeur de musique tibétaine, Mélang Douji avait un but très précis : présenter aux musiciens américains la musique classique tibétaine qui possède un répertoire aussi riche que varié.

Nous écoutons maintenant Mélang Douji: « Certains de nos collègues américains connaissent la musique tibétaine des années 1950 et 60, mais, la plupart ignore la musique tibétaine moderne. Je leur ai alors présenté la musique tibétaine vieille de centaines voir d'un millier d'années. Ils étaient très surpris par ce que j'ai pu leur dire. Certaines universités m'ont demandé de donner d'autres conférences afin de diffuser davantage la musique et même la culture tibétaine. Notre visite a permis d' approfondir leurs connaissances sur l'art tibétain. La culture doit être échangée , elle ne doit pas être enfermée. Le Tibet a la chance d'avoir une brillante culture, nous devons le faire connaître au monde entier. »

Si Mélang Douji a pu participer aux activités des échanges culturels entre la Chine et les Etats-Unis, c'est certainement dû à son talent pour la musique tibétaine. Or cet homme d'une quarantaine d'année est considéré au Tibet comme un compositeur très prometteur.

Mélang Douji est né à Changdu, à l'est du Tibet, dans une famille militaire. Son père était un officier de l'Armée populaire de libération de Chine et un amoureux de la musique classique tibétaine. Grâce au contexte familial mais surtout à son talent inné, il a fait connaître son nom au public dès l'âge de 9 ans. Il sera successivement acteur, puis metteur en scène et enfin joueur unique de Erhu du Tibet. L'Erhu est un instrument de musique chinois à deux cordes. Néanmoins, Mélang Duoji ne se contente pas du succès qu'il a remporté, il aspire sans cesse à se perfectionner surtout sur le plan théorique, particulièrement pour tout ce qui concerne la culture ou la musique. Lorsqu'il a 20 ans, ses voeux sont exaucés : il est admis au Conservatoire de musique de Shanghai, l'un des établissements d'enseignement supérieur le plus réputé de Chine. C'est ici qu' il apprend la composition, l'harmonie et la polyphonie.

La chanson intitulée : « Le soleil d'hier » a été composée par Mélang Douji en 1987. A noter que lors d'une soirée artistique, organisée par la chaîne de télévision du Tibet pour la fête du Nouvel an tibétain, cette chanson a été réservée pour la fin de la soirée. Et tout de suite après sa diffusion, cette chanson est devenue un tube, elle est reprise et chantée dans l'ensemble du plateau Qinghai-Tibet. C'est une chanson de style tibétain mais avec une touche certaine de nouveauté. C'est pour cette raison qu'elle est très appréciée par le public tibétain ainsi que par celui de l'intérieur du pays. La réussite de la chanson « Le soleil d'hier » a apporté une confiance nouvelle à Mélang Duoji et a même changé sa vie musicale.

Mélang Douji évoque qu' un jour, lorsqu'il est allé vivre dans une zone pastorale lointaine, tout à fait par hasard, il a entendu un enfant tibétain chanter « Le Soleil d'hier ». Cela l'a beaucoup touché. Il s'est juré d'écrire de belles musiques pour la terre et le peuple qui l'ont nourri.

Depuis, il s'efforce d'acquérir davantage de connaissances sur la musique classique de la cour tibétaine en vue de faire connaître cette musique à davantage de gens. Il a d'ailleurs passé deux années pour apprendre à interpréter cette musique de la cour. En 1987, en tant que premier interprète de l'Ensemble de chant et de danse de la Région autonome du Tibet, Mélang Douji s'est produit en Grande-Bretagne et sa représentation a remporté un remarquable succès. Ecoutons-le :  « Au nom du Tibet de la Chine, notre délégation s'est produite au Royaume Uni et est couronnée de succès. Les spectateurs britanniques ont été surpris par la musique, la culture et l'histoire du Tibet. Ils ont fermé leurs yeux et nous ont écoutés avec attention. Notre représentation a eu la chance d'avoir un véritable retentissement. »

Pendant les 10 années suivantes, Mélang Douji et les autres membres de son équipe ne cessent d'enrichir leur répertoire. Ils ont successivement visité la France, l'Allemagne, la Suède et l'Autriche ainsi qu'une dizaine d'autres pays européens. Grâce à leurs représentations, le public de ces pays a pu mieux connaître la culture et l'art tibétains.

Tout en étudiant la musique classique tibétaine, Mélang Douji s'efforce d'introduire dans sa création le meilleur de cette musique. En 1995, il devient compositeur professionnel et la chanson « Aspirer à l'aigle divin » qu'il a lui-même composée a de nouveau remporté un remarquable succès.

A propos de cette chanson, Mélang Douji nous confie :  « Que ce soit des Tibétains et des Hans, tout le monde adore cette chanson. Je crois que cette chanson est une belle réussite de la fusion entre la mélodie ethnique et le rythme moderne. On actualise ce qui est classique. C'est très important de marier le classique au moderne. »

Aujourd'hui, Mélang Douji a déjà composé plus de 200 oeuvres musicales de styles différents. Il a été à plusieurs reprises lauréat de prix musicaux de dimension nationale. En 2003, Mélang Douji est retourné au Conservatoire de musique de Shanghai pour se perfectionner dans le domaine de la composition. A cette occasion, il a pu étudier un grand nombre de chefs-d'oeuvre musicaux chinois et étrangers. Ce bref séjour à Shanghai lui a surtout été profitable parce qu'il lui a donné davantage accès à la méthode de la composition moderne. Malgré tout, en tant que compositeur tibétain, Mélang Douji estime toujours que le Tibet est le lieu de sa création et de sa vie musicales. Nous écoutons maintenant une dernière fois Mélang Douji :  « Quelle que soit l'oeuvre que je compose et quel que soit le changement actuel, je persiste à conserver ce qui est populaire et ce qui est traditionnel, c'est bel et bien la mélodie de cette terre. C'est la base de ma création. Je veux profondément puiser dans cette terre et créer sur la base de la musique traditionnelle et populaire. Sinon, je me sentirais perdu. »

(Yannine)