A Lhassa, le chef-lieu du Tibet, comme partout ailleurs en Chine, les habitants sont friands de téléphonie mobile. Le portable fait partie de leur vie quotidienne. Des religieux bouddhiques qui viennent célébrer leur culte au Palais Potala et au Monastère Dazhao, aux moines en passant par les touristes chinois et étrangers, tous utilisent le téléphone portable. Et dans les cabines téléphoniques publiques des rues de Lhassa, les tarifs de communication sont extrêmement bas. Par exemple, une communication entre Lhassa et la partie continentale de la Chine ne coûte que 0,3 yuans la minute.
Travaillant depuis 20 ans au Tibet, Xu Yongping, le PDG adjoint de la filiale tibétaine de China Telecom, rappelle que les télécommunications n'ont pas toujours été aussi bonnes dans cette région. Même seulement 20 ans en arrière. « J'ai commencé à travailler au Tibet en 1983. A cette époque, les moyens de télécommunication étaient très modestes. Les téléphones n'existaient que dans les villes relativement importantes. Moins de la moitié des districts tibétains disposaient de lignes téléphoniques. Nous ne pouvions qu'envoyer des télégrammes dans ces districts. En 1990, dans tout le Tibet, 43 districts n'étaient toujours pas accessibles par téléphone. On ne comptait que 10 lignes téléphoniques pour appeler Beijing et d'autres régions du pays. Le télégramme était le canal majeur de communication. »
M. Xu souligne en préambule que les conditions géographiques du Tibet sont très particulières. Ce n'est qu'au début des années 90 que le secteur des télécommunications a commencé à s'y développer. Début 1994, un satellite a permis à divers districts d'être accessibles par téléphone. Malgré un très faible nombre de lignes téléphoniques et de mauvaises conditions de communication, les districts étaient quand même reliés au téléphone. Ecoutons notre correspondant au Tibet, Wang Du, raconter comment le téléphone a pu sauver des vies durant le terrible hiver 97-98:
« En 1998, le nord du Tibet a subi de deux très importantes chutes de neige. La neige a commencé à tomber le 15 septembre 1997 et ça n'a pas cessé jusqu'en avril 1998. Des milliers de têtes de bétail ont péri. Nous souhaitions prendre des photos. Mais il n'y avait aucun moyen d'y aller. Les routes étaient bloquées et le même personnel de secours envoyé par le gouvernemen, ne pouvait s'y rendre. On n'arrivait pas à prendre contact avec les régions sinistrées. Et il était très difficile de savoir comment leur envoyer des secours. En fait, les lignes téléphoniques entre les districts constituaient l'unique moyen de contacts réguliers avec eux. Des milliers de vies ont été ainsi sauvées. »
Depuis l'an 2000, les télécommunications ont connu un réel essor au Tibet. Ces cinq dernières années, le gouvernement central et le groupe China Telecom ont investi 2 milliards de yuans dans les immobilisations de télécommunication au Tibet. Et fin 2004, plus de 70 districts tibétains avaient effectivement relié les bourgs par téléphone et les districts par cable.
Les capitaux immobilisés de télécommunication du Tibet ont atteint les 3,4 milliards de yuans. La longueur totale des cables optiques pour les appels de longue distance frise les 12.000 km. Le nombre de lignes téléphoniques longue distance a dépassé les 67.000. Pour, aujourd'hui, un total de 420.000 usagers.
Dans la région Ali, surnommée le toit du monde, et où les conditions naturelles, climatiques et logistiques sont très difficiles, on constate quand même la présence de milliers de kilomètres de cables optiques. Des techniciens s'y rendent régulièrement en véhicule pour effectuer des contrôles et une maintenance réguliers. Tous les bourgs et les districts sont accessibles par téléphone fixe et par les portable du système Xiaolingtong. Voici Zhang Xiaohu, directeur de la filiale d'Ali de Tibet Télécom : « Après 1997, nous avons mis en service un système de satellite. La capacité est passée à 240 lignes, répondant aux besoins locaux de télécommunication. En mai 2004, chaque district de la région Ali a disposé d'un système de téléconférence, de cables optiques et du service ADSL.»
Les nouvelles technologies de télécommunications ont ainsi permis au Tibet et au monde de se rapprocher, et de se connaître. Ces dernières années, des sites webs de renom comme « Le Tibet en ligne », « China Tibet News », « Tibet tourisme », « Hot line du Tibet », ont attiré de nombreux internautes. Même les touristes étrangers séjournant au Tibet peuvent communiquer avec le monde entier via l'ADSL, et ce dans n'importe quel district tibétain. Alors qu'on ne comptait que quelques dizaines d'internautes au Tibet en 1998, on en dénombre aujourd'hui près de 50.000. L'Internet est entré dans tous les milieux tibétains, et a favorisé le développement de la région.
Xu Yongping, PDG adjoint de Tibet Télécom, fait remarquer que la taille immense du Tibet et sa faible densité démographique ont fait augmenter le coût du développement des télécommunications. Ainsi, depuis de nombreuses années, Tibet Telecom est une entreprise qui n'est pas rentable. Mais ce n'est pas une surprise. Elle s'était fixé pour objectif de rendre service aux divers milieux du Tibet et non de bénéficier d'un fort rendement économique. Un choix stratégique qui a permis de fournir les services fondamentaux de télécommunications : réseaux spéciaux, services d'appels d'urgence, garantie des services de secours en cas de calamité naturelle...
Aujourd'hui, l'objectif de relier les bourgs par téléphone et les districts par cable a même été réalisé plus tôt que prévu au Tibet. Grâce à quoi, les bergers bénéficient d'un service fondamental. Xu Yongping affirme que Tibet Telecom va perfectionner les technologies informatiques existantes pour élever le taux de couverture par cables au Tibet et mettre le téléphone à disposition des habitants de tous les villages tibétains. « Le Tibet compte plus de 6.000 villages. A ce jour, nous en avons déjà relié plus de 2.000 villages au téléphone. Il reste encore 4.000 villages à équiper. Et ce travail devient de plus en plus difficile, car ces villages se trouvent de plus en plus loins des routes. Malgré tout, nous devons accomplir nos devoirs.»
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