Mme Chang Shana, professeur de l'Académie d'art et de design de l'Université Tsinghua, c'est l'ancien recteur de l'Institut central d'Arts appliqués de Chine.Elle est aussi la fille du grand peintre chinois, Chang Shuhong, dont le nom est étroitement lié à l'Art de Dunhuang. Il était, de son vivant, recteur de l'Académie de recherche de Dunhuang.
A propos des échanges artistiques entre la Chine et la France, Mme chang Shana nous a confirmé que'à la fin des années 1920, ses parents sont allés en France pour poursuivre leurs études en art, et ils y sont restés pendant presque dix ans. Donc, ils ont été très influencés par l'art et la culture français. C'est pourquoi Mme Chang Shana a aussi un sentiment particulier pour ce pays. Mme Chang Shana est née à Lyon, en France en 1931. Jusqu'à son retour en Chine suite à l'éclatement de la Guerre de Résistance contre le Japon, elle ne parlait aucun mot chinois.
Elle nous a évoqué que vers la fin des année 1920, Xu Beihong, grand peintre chinois a décidé d'envoyer deux de ses étudiants, pour aller faire leurs études en France ; il s'agit plus précisement de Wang Linyi et Lü Sibai, l'un devait appprendre la peinture à l'huile et l'autre, la sculpture. En 1927, les deux jeunes sont arrivés en France et ont été admis par l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon.
Peu de temps après, envoyé par l'Université du Zhejiang, le jeune Chang Shuhong, père de Mme Chang Shana quitta aussi son pays natal, Hangzhou et partit pour la France. A Lyon, il rejoint Wang Linyi et Lü Sibai, ses camarades de classe et mais aussi ses meilleurs amis. A propos de leurs études Mme Chang Shana nous a confirmé, écoutons-la : «Alors, ils étaient très jeunes, très dynamiques et aussi très assidus. Ils se sont lancés corps et âme dans leurs études. Ils ont tous obtenu de médailles d'or ou d'argent et étaient lauréats de plusieurs prix artistiques. Au terme de leurs études à Lyon, les jeunes artistes chinois sont allés se perfectionner à Paris, à l'Institut supérieur des Beaux-Arts, où ils firent connaissance de la jeune française Renée Oin. »
Renée Oin est née à Paris, en 1912. Très jeune, elle fit ses études à l'Ecole des Beaux-arts de Nice, puis à l'Institut supérieur des Beaux-Arts de Paris. Pendant ses études, elle fit connaissance de son camarade chinois Wang Linyi et très vite, ils sont tombés amoureux et se sont mariés. Depuis on l'appelait Wang Renée. En 1937, alors que le Japon déclencha la guerre contre la Chine, Wang Renée quitta la France pour venir en Chine avec son mari. Très vite, la jeune française ne nourrit plus d'illusions sur l'Orient et se fit face à la réalité. Elle partageait les temps de bonheur et de malheur avec les professeurs et étudiants chinois. Depuis, elle a toujours enseigné la sculpture à l'Institut des Beaux-arts de Chine, à Beijing. Le 24 janvier 2000, Wang Renée est décédée à l'âge de 88 ans et a été enterrée à Beijing à coté de son mari Wang Linyi. Elle avait déclaré de son vivant : « je ne peux pas changer la couleur de mes yeux ni mon nez busqué, mais je veux devenir une véritable chinoise pour refléter la vie des Chinois à travers mes oeuvres. À ce propos, Mme Chang Shana nous a confirmé, écoutons-la devant le micro de RCI:« Wang Renée avait eu la nationalité chinoise. En dépit de toutes les persécutions politiques, elle n'est jamais revenu sur sa décision. J'aime la Chine. Elle a toujours considéré la Chine comme son deuxième pays ».
A propos de Wang Renée, Mme Chang Shana nous a raconté une anecdote. En vue de commémorer les Wang, on a organisé une cérémonie devant les tombeaux des Wang, Wang Renée et son mari Wang Linyi. La cérémonie a eu lieu en présence de Mme Chang Shana et un conseiller culturel adjoint français ainsi que des amis et des personnalités du monde artistique. Mme Chang Shana a prononcé à cette occasion une allocution en chinois et en français sur un fond de musique de « La Marseillaise ». On était tellement sincère, l'ambiance a profondément touché le conseiller culturel français. Il a confié à Mme Chang Shana que même en France, on n'a jamais vu une cérémonie aussi émotionnelle pour commémorer un artiste défunt. Alors, il a décidé d'improviser une allocution. C'était Mme Chang Shana qui l'a traduite en chinois. A la fin de son intervention, M. Le conseiller a fait la lecture d'une poèsie française. Mme Chang Shana voulait encore la traduire en chinois. Mais M.Le conseiller a refusé. Pour lui, les Wang comprennent parfaitement le français. Quelle sympathie!De la Mme. Chang Shana nous a confié, écoutons-la encore une fois devant le micro de RCI:« Je réalise que grâce aux échanges culturels, un lien d'amitié et d'affection a été établi entre les artistes des deux pays. Ces échanges ont joué alors un rôle très important pour promouvoir le développement de la culture chinoise. »
Mme Chang Shana nous a confirmé en outre que dès les années 1920, M. Xu Beihong, le grand maitre de la peinture chinoise a prété une attention particulière à ces échanges. Il envoya non seulement des étudiants chinois d'aller faire leurs études en France, mais, il lui-même fit plusieurs séjours dans ce pays. C'est ainsi qu'un grand nombre d'artistes chinois de réputation nationale ou internationale pour les jours à venir a été formé, comme Wang Linyi, Lü Sibai et Hua Tianyou et consort.
En 1935, à l'initiative de Chang Shuhong et de Lü Sibai, l'Association des artistes chinois résidant en France fut fondée.Mme Chang Shana nous'a montré une photo de famille réalisée à l'époque. Sur la photo, on peut voir tous les membres de l'Association. Ils étaient si beaux, si jeunes, surtout si confiants en l'avenir de leur carrière. Mme Chang Shana nous'a expliqué, qu'elle était enfant unique de cette grande famille. Du fait que le couple Wang, Wang Renée et Wang Linyi n'avait pas d'enfant, ils la chérissait comme leur propre enfant. Même de leur retour en Chine à la suite du déclenchement de la Guerre de Résistance contre le Japon, ils étaient toujours ensemble.
Sur le chemin pour fuir les bombardements, de la province du Guizhou à la province du Sichuan, ils ne se sont jamais quittés. Sur le Mont Fénix, à Chonqing, où ils se sont réfugiés, Wu Zuoren, Chang Shuhong et Lü Sibai ainsi que d'autres peintres chinois n'ont pas abandonné leur création même dans des conditions bien difficiles, ils devaient partager le seul atelier qui était à leur disposition et ont créé une série de chef-d'oeuvres, tant sur des personnages que sur une nature morte. Ils ont aussi réalisé des peintures pour appeler à la Résistance contre les Japonais. A propos de la carrière d'artiste, Mme Chang Shana nous a confié, écoutons-la:« Sur le plan artistique, j'étais très influencée par mon père, Chang Shuhong. C'était à Dunhuang où j'ai appris à peindre. Mon père a bien voulu que je suive sa voie d'aller faire mes études en France. Mais je n'ai pas eu l'occasion. J'ai fait deux années d'études aux Etats-Unis et puis à mon retour en Chine au début des années 50, j'ai travaillé à l'Université Tsinghua, section d'architecture.»
Mme Chang Shana est aussi auteur de plusieurs ouvrages sur l'art de Dunghuang. Elle a insisté sur l'importance d'organiser l'Année de la Chine en France, du fait que c'est la France qui a formé dans les années 30 un important nombre d'artistes chinois. A présent, les échanges entre la Chine et la France sont plus impératifs que jamais. Mme Chang Shana nous a confié que suite à la mise en vigueur de la politique de réforme et d'ouverture, elle a eu l'occasion de retourner en France. Mme Chang Shana s'exprime devant le micro de RCI: « Au bord de la Seine, j'ai éprouvé une vive émotion. C'est le lieu de ma naissance. Je suis allée visiter l'Institut supérieur des Beaux-Arts de Paris où mon père avait fait ses études. Lorsque j'ai confié au personnel de l'institut que j'étais la fille de Chang Shuhong, on a même sorti le dossier de mon père, c'est ce que je n'avais jamais pu penser. De mon retour en Chine, j'ai montré à mon père qui était encore en vie, les photocopies de ce dossier, très ému, il avait des larmes aux yeux. »
Profitant de son séjour en France, Mme Chang Shana a aussi visité l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon. Lorsqu'on a entendu le nom de son père, on l'a emmenée au rez-de-chaussée, où ont été conservées les oeuvres primées aux différentes époques. Parmi lesquelles elle a bien trouvé deux réalisations de son père : « Femme orientale » et « Femme nue ».
A Paris, Mme Chang Shana a rendu visite à Mme Bruno, présidente de la Cité Internationale des Arts et a décidé d'acheter deux ateliers pour l'Institut central d'Artisanat dans le but de créer des conditions nécessaires pour les jeunes artistes. À présent, presque toutes les institutions artistiques chinoises ont leurs ateliers à la Cité des Arts, qui est devenue en quelque sorte, une base d'appui pour les échanges artistiques entre la Chine et la France.
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